Papous yali | Olivier Garrigues Cécile Le Brun

Incursion en pays Yali

Dans les montagnes de Papua Barat, les yalis continuent de vivre à la manière de leurs ancêtres loin des turpitudes de la civilisation. Isolés de la vallée du Baliem par le Mont Elit, les guerriers des cimes éveillent encore crainte et méfiance chez les tribus voisines.

Cela fait maintenant trois jours que nous avons quitté le climat tempéré de la Baliem. Depuis le départ une pluie tenace ne nous a pas lâchés. De jour comme de nuit, elle tombe inlassablement passant d'un léger crachin à ces grandes averses torrentielles typiques sous ces latitudes. Nous abordons à présent la partie la plus incertaine du périple : l'ascension du Mont Elit dont le col, un vaste plateau perché à 3100 m, verrouille l'accès du territoire yali. J'ai recruté Harry, mon guide, Lucas et Kimia au feeling à Wamena pour ce trek de 17 jours en dehors de tout circuit officiel, un choix que je ne

regrette pas. Mes accompagnateurs «non diplômés» ont éveillé pourtant la méfiance du responsable du poste de Kurima : vérifications de mon surat jalan, coups de fil ...attente... re-coups de fil et finalement tampons. Selamat jalan ! A Yorosem par sécurité, j'ai engagé deux autres porteurs. Nous gagnons rapidement en altitude et c'est maintenant sous la voûte d'une épaisse forêt que nous traçons notre chemin. On atteint le camp de base en soirée, l'altimètre indique 1740 m. La hutte est déjà occupée par deux chasseurs venus d'Ituguy. Le gibier est rare dans les hautes terres et difficile à surprendre. Une des proies les plus prisées est le casoar, il peut atteindre 1,70 m pour 60 kg. Muni de trois doigts longs comme des poignards, c'est un redoutable adversaire (...)